Histoire Personnelle

Rue de la Monnaie,

Tout près de chez moi, qui l'eut cru,

Est un lieu magique.

Mes pas m'ont, un matin, portée 

Vers sa porte entre-ouverte.

Des ouvriers spécialisés en électricité, y travaillaient

Sous l'oeil attentif du vieil arbre, sentinelle de l'entrée.

Sur le pavé moussu, mes pas légers glissaient

Vers l'extrême beauté préservée par l' ombrage centenaire

Dont la canopée rejoint le ciel, vers l'éternité.

Viens ami, rejoindre le calme et la volupté

Viens rêver,

Ecouter le doux murmure de la pierre.

Viens siroter confortablement installé

Le nectar de la paix. 

A l'angle de la rue

Il y a un café.

A l'angle de la gare

Par une belle journée d'été

Dans les arômes de thés et de cafés

Elle baladait un short orangé

Il la regardait.

 Il n'abritait même pas une de ces petites places provençales colorées qui se reposent à l’ombre de  grands platanes, sous lesquels chacun pouvait refaire le monde, le verbe haut, comme il se doit en pays de Pagnol,  dans des gorgées fraîches de limonades ou d’anisette.

Il n'était même pas de ces petits villages provençaux perchés sur le flanc d’une colline dans l’enchevêtrement des maisons aux chatoyantes lumières que les fenêtres longilignes et étroites renvoient sur les vergers d’oliviers de la plaine environnante.

Il n'était même pas  de  ces petits villages où,  à l’heure de la sieste, l’abeille bourdonnante se pose sur la margelle arrondie et moussue de la fontaine à tête de lion qui crache son jet sans cesse renouvelé dans la régularité du temps.

Il n'était même pas de ces petits villages où la mémoire, en ricochet, traverse des générations. 

C' était un  village où se juxtaposaient les maisons et les âmes de ses habitants, un  village bruyant de vides et de riens, aux platanes condamnés d’une croix pour faire de la place aux camions des conserveries, aux fabriques de cageots et autres palettes de transport. Un  village mort avant de naître dans la bêtise, avide enrichissement des habitants d'une plaine maraîchère où la nature s’exploite jusqu’à la lie, où les petits ruisseaux tétanisés sous les buses de béton perdent leur écosystème, où les cloques de goudrons du moindre petit chemin se percent sous vos semelles noircies. Pays des peintres aux paysages sublimes, Eldorado magnifié, la Provence peut être aussi vile que belle!